Journée internationale des Droits de la femme 2024 au congrès

« Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme »

Mesdames, en ce 8 mars, journée internationale des femmes, je voudrais vous saluer et à travers vous saluer les femmes de notre pays, de la région et du monde. Cette journée est l’occasion de rappeler ce combat, aujourd’hui devenu mondial, mené dans le but de réaliser cet idéal qu’est l’égalité des droits entre homme et femme. C’est à ce moment que, chaque année, par différentes manifestations à travers le monde, nous faisons un bilan sur les avancées en la matière. Le programme de développement durable, adopté par les pays membres des nations unies en 2015, prévoyait d’atteindre la réalisation de l’égalité des droits entre homme et femme d’ici à 2030. Malgré des avancées notoires depuis les balbutiements de ce combat, les efforts demeurent insuffisants et la réalisation de cet idéal semble être en perte de vitesse. Le thème de cette journée est en ce sens assez révélateur : « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». En effet, on constate un déficit annuel de 360 milliards de dollar US pour les dépenses consacrées aux mesures en faveur de l’égalité des droits entre homme et femme. Dans notre pays, la situation est aussi alarmante avec une augmentation du nombre de violences faites aux femmes et de féminicides. Il est aujourd’hui urgent d’agir en faisant usage de tous les leviers à notre disposition. Nous devons travailler à une évolution effective du droit des femmes en Nouvelle-Calédonie. L’égalité des droits entre homme et femme constitue le but ultime de ce combat. Elle repose sur un fondement plus existentiel, celui qui pose l’égalité entre l’homme et la femme pris dans leur singularité respective. Il ne s’agit pas d’une conception nouvelle pour notre société encore empreinte de christianisme. Cette conception se retrouve en effet dans une interprétation pleine de sens du récit biblique de la Création donnée par le célèbre commentateur gallois Matthew Henry. Celui-ci écrivait : « La femme fut formée à partir d’une côte d’Adam ; pas de sa tête pour le dominer, ni de ses pieds pour être écrasé par lui, mais de son côté pour être son égal, sous son bras pour être protégée, et proche de son cœur pour être aimée ». Ainsi, il nous revient à nous de porter cette « égalité d’honneur » à une « égalité de droits ». L’humaniste Erasme écrivait très justement : « on ne naît pas homme : on le devient ». C’est en lui faisant écho que Simone de Beauvoir écrivait dans l’un de ses ouvrages : « on ne naît pas femme : on le devient ». Elle affirmait par-là, comme elle le dira plus tard dans le journal Le monde : « On fabrique la féminité comme on fabrique d’ailleurs la masculinité, la virilité. » La féminité est donc une chose à construire au même titre que la masculinité. Sur le plan du droit, cela revient à une traduction, en termes juridiques, de l’égale honneur et dignité entre l’homme et la femme. Sur le plan humain ou anthropologique, cette construction commence dans la famille nucléaire ou mieux dans la famille élargie, le clan, la chefferie et les structures associatives ou institutionnelles. Sans cette construction initiale, souvent on sera obligé de « déconstruire » ce qui a été mal construit pour reconstruire, c’est alors une perte de temps, d’énergie, d’argent et de patience. Donc construisons ensemble dès l’enfance dans nos familles cette féminité et son complément la masculinité. Assuré de cela, je vous encourage à œuvrer afin de faire émerger une expression singulière de la féminité. Je vous souhaite une belle journée internationale des femmes. »