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Roch Wamytan réélu à la présidence pour la mandature 2020-2021. Discours d’investiture



Roch Wamytan a été réélu à la présidence du congrès de la Nouvelle-Calédonie pour la mandature 2020-2021 en ce Jeudi 23 juillet 2020.

Discours d’investiture de Roch WAMYTAN à la présidence du Congrès

Le 23 juillet 2020

Mesdames et Messieurs, Mes chers collègues, Tout d’abord, permettez-moi d’adresser mes sincères remerciements à l’ensemble des élus qui m’accordent à nouveau leur confiance en me portant à la Présidence du Congrès pour cette mandature 2020-2021. Merci à vous tous, et plus spécialement à Monsieur Jean Creugnet, premier vice-président, à Madame Caroline Machoro-Reignier, présidente de la commission permanente et à vous tous, membres du bureau, ainsi qu’aux chefs de groupes et l’administration pour votre implication dans le travail parlementaire au cours de ce mandat. Je remercie, toutes et tous en vos titres, fonctions et compétences pour m’avoir accompagné sur la mandature 2019- 2020.
Comme je l’avais rappelé l’année dernière, c’est une majorité océanienne qui me porte encore à la tête de la première institution de ce Pays. Ce geste fort traduit notre volonté commune d’être à la hauteur des enjeux de notre pays et également des enjeux de notre région de la Mélanésie, Pacifique, en lien avec l’Europe. Cela nous engage à affirmer encore mieux notre volonté de travailler ensemble pour cette vision océanienne commune, qui est de mettre en place un projet d’avenir pour la construction d’une société qui nous ressemble. Une société fondée sur nos valeurs, des valeurs de partage, de tolérance, de bienveillance pour son prochain, d’humilité, de respect, une société dans laquelle nos gens seront émancipés et affranchis des liens dominateurs d’un passé révolu. Ces valeurs sont précieuses et il nous faut les préserver et les conjuguer avec les valeurs démocratiques, républicaines et nos racines chrétiennes qui fondent notre devenir commun.
Au cours des missions à l’extérieur de notre pays, j’ai pu constater que dans un monde globalisé et de plus en plus basé sur des valeurs individualistes, les peuples du Pacifique ont beaucoup à apporter dans les débats mondiaux avec les valeurs océaniennes qui sont les leurs, mais aussi sur la capacité de résilience de ces valeurs et du mode de vie océanien. Ces valeurs doivent être portées fièrement et valorisées aux yeux du monde, car elles ont beaucoup à apporter à l’ensemble de l’humanité.
Il y a un an de cela, à Abidjan, nous étions en délégation pour assister à une assemblée des parlements francophones, j’ai entendu des débats de l’APF soulignant à quel point les océaniens ont porté haut la tolérance dans le débat et l’agir démocratique. La tolérance c’est notre marque de fabrique, à nous Calédoniens, à nous Océaniens, à nous gens d’ici. Cela engage notre responsabilité à défendre un projet politique qui nous ressemble et qui fédère l’ensemble des communautés vivant en Nouvelle-Calédonie.
Cette nouvelle mandature s’annonce chargée, dans quelques mois, nous allons étudier et voter le budget supplémentaire, il sera crucial. Avec la crise sanitaire de la COVID-19, la situation économique s’est tendue et de nombreuses entreprises ont subi de plein fouet les conséquences de cette crise, notamment nos compagnies aériennes et nos hôtels. Cela a également fortement impacté les branches de la CAFAT et particulièrement le RUAMM et la caisse chômage.
Pourtant, cette période difficile nous apporte des enseignements importants pour l’avenir. Le plus précieux d’entre eux est que notre insularité finalement n’est pas
une faiblesse mais un avantage et une force.
Le congrès a soutenu le gouvernement dans l’exercice de nos propres compétences sanitaires avec bien sûr l’Etat. Le pays est désormais responsable et prêt à gérer les conséquences de la crise sanitaire.
Cette crise a démontré la nécessité de développer notre souveraineté dans de nombreux domaines.
La crise a également prouvé que nous pouvons innover, que nous devons innover pour être plus forts ! Mes chers collègues, c’est le moment d’oser et de réformer.
Le monde se pose la question de savoir s’il y a un avant et un après COVID-19.
C’est en débat, les Calédoniens doivent désormais s’adapter à un monde sujet à l’imprévisibilité du risque épidémique et pandémique.
Ce risque vient s’ajouter à la triple crise évoquée par les économistes, que le candidat démocrate américain d’ailleurs, Bernie Sanders a repris dans sa compagne électorale en 2016 et même sur la campagne électorale de cette année : le néolibéralisme, les inégalités économiques et le changement climatique. A quoi s’ajoute, pour nous Océaniens, la lente déflagration de nos sociétés autochtones avec la perte identitaire comme corollaire et quelque part, la mise sous cloche du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Par ailleurs, les modèles économiques qui sont censés nous sauver, que ce soit les modèles économiques keynésiens ou marxistes sont largement interrogés, mis en causes ou abandonnés. Vont-ils émerger de nouveau pour assurer l’égalité et le bonheur des peuples, si tant est qu’ils ont atteints ces objectifs ? Peut-être mais peut- être pas aussi. En son temps, le pape Jean- Paul II avait écrit dans son encyclique
« sollcitudo rei socialis » (des choses sociales) que le communisme portait en lui-
même des germes de vérité ! Il fallait oser le dire et il fallait oser l’écrire, lui qui avait tant souffert sous les bottes du communisme en Pologne.
Mais, chers collègues, les vérités ne meurent pas, elles survivent à celles et ceux qui les proclament !
Par ailleurs, le principe du ruissellement si cher à bon nombre de chefs d’État de Margaret Thatcher, Clinton, Trump ou même le président Macron, a aussi atteint ses limites en creusant les inégalités plongeant des millions de personnes dans le monde, y compris chez nous et dans notre région dans une désespérance phénoménale.
Nous devons donc, à partir d’un diagnostic clair de notre situation, et en s’appuyant sur nos valeurs et notre capacité ancestrale de résilience, revoir notre dispositif d’amortisseur des impacts négatifs de ces crises pour protéger notre population avec les moyens qu’offrent notre statut de territoire autonome au sens du droit international et collectivité sui généris au sens de la Constitution française.
Car ces situations non maîtrisées, mes chers collègues, génèrent la peur et la haine, il nous faut combattre ces germes de conflits et de perturbations sociales. C’est ce que démontrait d’ailleurs, dans son essai « chronique d’un pays natal » en 1955, l’écrivain afro américain romancier et poète James Baldwin toute sa vie, il a dénoncé le racisme et milité pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King et Malcom X, il disait
ceci : « J’imagine qu’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent à leurs haines avec tellement d’obstination, est qu’ils sentent qu’une fois cette haine partie, ils devront affronter leurs propres souffrances ».
Il nous faut donc, chers collègues, savoir identifier ces souffrances et mettre en face des solutions qui s’imposent, des solutions appropriées.
Faisons donc ensemble, ce qu’il convient de faire, car chers collègues, nous sommes tous embarqués dans la même pirogue.
Les réflexions nées de ces crises à répétition doivent déboucher sur des actions notamment dans les politiques publiques que nous serons amenées à définir.
Pour ma part et dans une réflexion sans cesse renouvelée dans la ligne de ce que je
viens de vous dire : « Porter le congrès au cœur de la démocratie calédonienne »,
fut l’objectif, mon objectif, qui inspire les actions menées depuis mon premier mandat en 2011 à la présidence de cette institution, levier législatif de l’action politique calédonienne.
Le Congrès doit être reconnu à sa juste valeur, en tant que première institution du Pays et en tant que pouvoir législatif calédonien.
Sa fonction de contrôle de l’action du gouvernement doit être renforcée, son fonctionnement doit être modernisé et transformé jusqu’à même ces bâtiments qui semblent avoir été construit, je l’ai souvent dit, à l’identique des bâtiments publics soviétiques.
Donc, les relations interparlementaires seront aussi soutenues pour structurer nos partenariats dans son environnement géographique naturel et au-delà, le congrès devra pour cela jouer à fond son rôle dans une diplomatie adaptée en connexion étroite avec le gouvernement.
Ces perspectives sont bien réelles et je m’engage à les porter durant cette nouvelle mandature.
Pour terminer, une mission d’évaluation du congrès de la Nouvelle-Calédonie est actuellement en cours et les résultats seront connus au plus tard au cours du 1er semestre 2021.
Le fonctionnement de notre institution, nos pratiques parlementaires et sa place dans le mille-feuille institutionnel calédonien sont autant de sujets qui méritent aujourd’hui d’être questionnés.
Nous l’avons tous décidé et nous aurons la responsabilité, ensemble, de prendre les décisions qui s’imposent, pour rendre le Congrès plus fort et plus proche de nos citoyens.
Je m’engage ainsi lors de cette mandature avec le bureau et avec l’ensemble des personnalités à la tête des commissions, à présider ensemble le congrès aux destinées de notre institution, animé de nos valeurs océaniennes, chrétiennes et bien sûr nos valeurs républicaines.
Je vous remercie.






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