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Une mission d’information pour préparer l’avenir



LE CONGRÈS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE S’EST FORTEMENT IMPLIQUÉ DÈS LE DÉBUT DE LA CRISE DU COVID-19. IL A RAPIDEMENT MIS EN PLACE UNE CELLULE DE CRISE SANITAIRE ÉVOLUANT ENSUITE EN MISSION D’INFORMATION AFIN DE POUVOIR FOURNIR DES AVIS AU GOUVERNEMENT TOUT EN ASSURANT SON RÔLE DE LÉGISLATEUR. IL A ÉGALEMENT FACILITÉ LE DIALOGUE ENTRE LES INSTITUTIONS DU TERRITOIRE EN DEMANDANT ET EN OBTENANT DU GOUVERNEMENT QUE LE SÉNAT COUTUMIER ET LE CESE SOIENT ASSOCIÉS À LA CONCERTATION. À PLUS LONG TERME, LA MISSION AURA ÉGALEMENT POUR BUT DE TIRER LE BILAN DE LA GESTION DE CETTE CRISE ET DE PROPOSER DE NOUVELLES ORIENTATIONS POUR L’AVENIR.

Le 20 mars, le gouvernement annonce avoir dépisté un cas autochtone de Covid-19. Un cas qui s’avérera être une erreur a posteriori mais qui est alors suffisamment au sérieux pour déclencher le confinement de la population calédonienne. Le moment est critique. Les autorités sanitaires doivent impérativement retrouver le patient zéro afin de limiter au maximum la diffusion du virus. À ce moment, Roch Wamytan, le président du congrès, décide de réunir le bureau élargi de la première institution du Territoire pour faire le point avec l’ensemble des représentations. Pour l’occasion, il est décidé d’ouvrir les portes du bureau élargi aux partis politiques non constitués en groupes, à savoir l’Éveil océanien, Générations NC et le Parti travailliste.

Cette instance devient un interlocuteur incontournable devant être associé au processus de décision. Si l’État et le gouvernement ont leurs compétences respectives, le congrès est l’organe législatif du Territoire et la représentation politique de la population calédonienne. Oublié dans un premier temps, tout comme le sénat coutumier, le congrès a su faire comprendre l’importance de la présence des deux institutions. Pour le bureau élargi, la priorité des priorités était de protéger la vie des Calédoniens, viendrait ensuite le temps de l’économie.

UN RÔLE CENTRAL

Et pour y parvenir, il était indispensable d’utiliser l’ensemble des réseaux d’informations sur l’ensemble du Territoire. D’où l’intérêt du sénat coutumier, d’autant plus que les Océaniens ont, par le passé, payé un lourd tribut en matière de maladies infectieuses importées. L’histoire de la colonisation calédonienne et plus généralement du Pacifique montre que les peuples autochtones ont été décimés par des épidémies successives laissant une trace indélébile dans l’inconscient collectif.

Des relations directes avec le centre opérationnel du gouvernement ont rapidement été établies au travers du membre du gouvernement en charge des relations avec le congrès, Yoann Lecourieux. Une fois par semaine, les présidents des quatre institutions, gouvernement, congrès, CESE et sénat coutumier, faisaient également un point détaillé sur la crise sanitaire et l’avancée des dispositifs. Sur la question du rapatriement des Calédoniens et des résidents bloqués à l’extérieur du pays, des réunions ont par ailleurs été organisées avec les chefferies de Païta et le conseil coutumier Drubea-Kapumë pour discuter des positions des uns et des autres et trouver des solutions acceptables pour tous.

Face à cette crise sans précédent, le congrès ne pouvait pas se contenter de jouer le rôle d’une simple chambre d’enregistrement. C’est la raison pour laquelle il a été décidé d’instaurer une mission d’information en s’inspirant d’exemples d’autres parlements à travers le monde. Les textes régissant le congrès stipulent uniquement la possibilité de mettre en place une commission d’enquête. Commission demandée par ailleurs par le groupe Calédonie ensemble qui pourrait éventuellement être mise en place dans un second temps.

La mission d’information a ainsi été l’occasion d’auditionner l’ensemble des acteurs de la chaîne de décision : les membres et les directions du gouvernement, experts médicaux, universitaires ou encore grands acteurs économiques. Très concrètement, soucieux de répondre aux urgences, le congrès a par ailleurs débloqué deux millions de francs, via la Croix-Rouge et le Secours catholique, pour la distribution de paniers repas pour des personnes ayant été particulièrement touchées par les conséquences du confinement. Dans cet esprit, le bureau élargi du congrès siégeant en mission d’information a accordé une aide financière en urgence, via la Croix-Rouge, pour fournir des équipements de base aux populations du Vanuatu ravagées par le cyclone Harold.

TROUVER DE NOUVELLES VOIES DE DÉVELOPPEMENT

En parallèle et en dépit des difficultés imposées par le confinement, l’institution a tenu son rôle de législateur en permettant le vote à l’unanimité des textes présentés par le gouvernement. Les commissions ont été fortement mobilisées pour que la commission permanente, représentation des 54 élus du congrès, puisse adopter les différents textes. Cela a, par exemple, été le cas de la délibération instaurant un cadre spécifique de chômage partiel ou encore celle sur l’accompagnement des Calédoniens restés bloqués en dehors du Territoire. Des décisions qui se traduisent également par des modifications budgétaires importantes.

Roch Wamytan a, dans le même temps, souhaité conserver des liens avec les autres parlements de la région. Une manière d’appréhender la gestion de crise par les pays avec lesquels la Nouvelle-Calédonie recommence à tisser des liens. En toile de fond, le président de l’institution a dans l’idée de structurer davantage le congrès et de renforcer son rôle notamment de contrôle pour en faire un véritable parlement, quel que soit l’avenir institutionnel du pays.

La mission d’information aura toute sa place dans ce processus. En cheville avec le représentant du Programme des Nations unies pour le développement à Fidji, le président souhaite que le congrès puisse apporter sa pierre à la construction de la Nouvelle- Calédonie post-Covid-19. La mission devra dresser le bilan complet de cette crise sanitaire pour en tirer toutes les conséquences. Il devra permettre d’esquisser un plan spécifique de gestion d’une épidémie, plan qui n’existait pas jusqu’à présent.

« Une chose est ressortie fortement, souligne Roch Wamytan, c’est la vulnérabilité du Territoire sans l’extérieur. » Dans le cadre de la mission, des thématiques telles que le social, l’environnement, l’économie, l’enseignement ou encore la culture seront retenues afin d’engager des réflexions et fixer des orientations pour un nouveau modèle de société propre à une Nouvelle-Calédonie de demain apaisée.

La Mission d’Information du congrès réunie le 4 mai 2020 dans l’hémicycle du boulevard Vauban





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